Elle se retourne, il est derrière. Il suit en poussant cette valise. Il marche si lentement. Malgré le poids de la sienne, elle avance légère et sautillante. Elle semble planer. Elle est si excitée et si stressée, aussi. Tout son être est rempli d’émotions contraires. Elle se sent si vivante. Ses jambes avancent toutes seules vers ce terminal.
C’est son premier voyage en avion. C’est son premier passeport bien à elle. C’est sa première valise à roulettes à elle, avec son nom écrit dessus.
Alors elle sourit. Elle sourit à tous ces gens. Ils doivent être importants ces gens pour être aussi pressés. Ils doivent bien connaitre le monde, tous ces gens, pour marcher la tête ainsi baissée.
Mais ce n’est pas grave, aujourd’hui, elle est là. Alors, elle sourit.
Elle sourit aussi aux agents, ils sont si gentils et tellement patients. Elle a quand même causé un sacré embouteillage. Comment aurait-elle pu savoir qu’il fallait vider ses poches, enlever cette satanée ceinture et se déchausser ? Le portable ? Elle n’en a pas.
Lui est toujours derrière, silencieux et concentré. Ce n’est pas un aventurier ni un expressif. Il est soucieux. Il manque d’air dans cet avion, il n’a pas assez d’espace.
Elle veut se souvenir de tout, ne surtout rien louper. Cette classe économique est si rassurante. Les hôtesses si gentilles lui montrent comment marche sa télévision. Mais, elle préfère profiter de sa collation et écouter les bruits de l’engin. Elle regarde aussi les gens qui dorment, lisent, regardent leur écran. Des gens qui semblent si sûrs d’eux. Tellement à leur place dans cet avion.
Lui, à côté, a finalement trouvé refuge dans le sommeil.
Elle a sept heures d’avion. Sept heures et elle se retrouvera dans un autre univers, dans leur univers. Sept heures et elle serrera ses enfants et petites enfants. Elle les a vu si souvent partir qu’elle n’arrive pas à y croire. C’est comme un rêve et elle est bien décidée à le vivre pleinement. Elle ne réalise pas qu’aujourd’hui, c’est elle, et bien elle, qui fait ce voyage, pour de vrai.
Elle a 70 ans et c’est son premier voyage en avion.
Un beau voyage a elle et de belles retrouvailles avec ses petits enfants… Qu’il lui sera doux alors de les serrer dans ses bras… D’y penser j’en ai des frissons…
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Merci et bonne journée à toi
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Merci pour ce joli texte….
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Merci à toi. Bon week-end
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Waouh 😉
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Merci 😉 bon week-end
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Bonsoir;
Tellement bien raconté que j’ai eu l’impression de vivre ça auprès d’ elle.
Tendre et joyeux ce texte.
Merci.
Eric.
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Merci Éric. Bonne soirée
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J’adore votre style, c’est tellement parlant, on s’identifie un peu à votre héroïne…
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Merci beaucoup. Bonne soirée
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Très touchant!
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Merci Marie. Bonne après midi à toi
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Merci Stéphanie pour ton magnifique et touchant billet. C’est bon de te lire.
Je te souhaite un bel après-midi.
Bisous
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Merci Denise. Je te souhaite un bon après midi aussi. Bisous
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Comme c’est beau! Beaucoup d’émotions et de tendresse dans tes mots. Cet instant là doit être magique. Il m’a rappelé le premier voyage de ma grand-mère paternelle, elle devait avoir le même âge et elle n’avait jamais pris le train de sa vie. Ca m’avait énormément touchée à l’époque.
Grosses bises Stéphanie et merci d’avoir ravivé ces souvenirs avec ces très belles lignes.
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Bisous à toi Marie. Bonne journée
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Touchant!
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Merci ! ; )
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Il est magnifique ,ton texte.Tu as du talent ,encore plus que ce dont ton blog m’avait deja convaincue..Merci du bonheur et de l’emotion que tu nous donnes ,a nous ,tes lectrices .
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Merci à toi je suis vraiment touchée par ton compliment. Bonne journée
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j’aime, mais j’aime plus que beaucoup cette écriture joyeuse et profonde à la fois
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Plus que merci pour ton adorable message. Bonne journée
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Sur un chemin
j’ai rencontré l’air,
je l’ai salué,
je lui ai dit respectueusement :
« Je suis heureux que pour une fois tu laisses là ta transparence,
comme ça nous pourrons parler.
L’infatigable dansa,
remua les feuilles,
fit tomber d’un éclat de rire la poussière de mes semelles,
et dressant toute sa mâture bleue,
son squelette de verre,
ses paupières de brise,
immobile comme un grand mât il se maintint pour m’écouter.
Moi, je baisai sa cape de roi du ciel,
je me drapai dans son drapeau
de soie céleste et lui dis :
monarque ou camarade,
fil, corolle, ou oiseau,
je ne sais qui tu es,
mais je te demande une chose :
ne te vends pas.
L’eau s’est vendue
et des conduites dans le désert
j’ai vu se terminer les gouttes
et le monde pauvre,
le peuple marcher avec sa soif
titubant sur le sable.
J’ai vu la lumière de la nuit rationnée,
la grande lumière dans la maison des riches.
Tout est aurore
dans les nouveaux jardins suspendu,
tout est obscurité
dans l’ombre terrible de l’impasse.
La nuit
mère marâtre
en sort
avec un poignard au milieu
de ses yeux de hibou,
et un cri, un crime fusent
et s’éteignent
happés par l’ombre.
Non, air,
ne te vends pas,
que nul ne te canalise,
ne te mette dans des conduits
ne te mette dans des boîtes
ne te comprime,
ne fasse de toi des tablettes,
ne te mette en bouteilles,
attention!
appelle-moi
quand tu auras besoin de moi,
je suis le poète fils
de pauvres, père, oncle,
cousin, frère
et beau-frère
des pauvres, de tous,
de ma patrie et des autres,
des pauvres qui vivent près du fleuve,
et de ceux qui sur la hauteur
de la cordillère verticale
taillent la pierre,
clouent des planches,
cousent du linge,
coupent du bois,
écrasent les mottes
et c’est pour ça
que je veux qu’ils respirent,
ils n’ont rien d’autre que toi,
c’est pour ça que tu es
transparent,
pour qu’ils voient
ce qui viendra demain,
c’est pour ça que tu existes,
air,
laisse-toi respirer,
ne t’enchaîne pas,
ne te fie à personne
qui viendrait en automobile
t’examiner,
laisse-les,
moque-toi d’eux,
fais voler leur chapeau,
n’accepte pas
leurs propositions,
allons ensemble
danser à travers le monde,
décrocher les fleurs
du pommier,
entrer par les fenêtres,
siffler ensemble,
siffler
des mélodies
d’hier et de demain,
et un jour viendra
où nous libérerons
la lumière et l’eau,
la terre, l’homme,
et tout sera
pour tous, comme tu es.
Alors, maintenant,
attention!
et viens avec moi
nous avons encore beaucoup
à danser et chanter,
allons
le long de la mer,
sur le haut des monts,
allons
où l’on verra fleurir
le printemps nouveau
et d’un coup de vent
et de chant
distribuons les fleurs,
l’arôme, les fruits,
l’air
de demain.
Pablo Neruda
Du tant laissé, sans voler, prendre à deux mains ce qu’il en reste aujourd’hui et et se dire qu’il ne faut jamais vouloir avoir vain t’an…
Belle journée ElleaEllea !
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Merci beaucoup. Bonne journée à toi oiseau bleu
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